Introduction à la Conférence Internationale par le Comité d'Action Prioritarie contre la Torture par l'Isolement (France) [CAPTIF]

La campagne pour la défense de la vie du Président Gonzalo est importante en soi-même et aussi comme partie de la plus générale campagne contre l'isolement carcérale (IC). Ces sont justement deux axes fondamentaux de l'activité du CAPTIF, à l'origine (avec le Comité pour Défendre la Vie du Président Gonzalo) de cette conférence d'aujourd'hui.

La question de la défense du Président Gonzalo avant tout, qui est relancée autour du nouveau procès par lequel l'Etat péruvien cherche à donner une image de légalité à des années de torture, de piétinement de tout état de droit, de barbarie juridique, mais surtout à préparer les conditions pour l'acte définitif contre le Président Gonzalo. Parce qu’en n'ayant pas réussi à obtenir sa capitulation, son retournement, c'est évident qu'ils veulent en arriver à sa liquidation physique.

Depuis longtemps les camarades du Mouvement Populaire Pérou avaient alerté en ce sens et le CAPTIF s'est formé aussi suite à cette exigence concrète d'assumer cette tâche urgente de défense du chef reconnu de la révolution péruvienne et, avec lui et par lui, de la révolution même, de la guerre populaire qui se développe à nouveau avec force et perspective.

Nous aussi considérons très important ce cas, ce terrain d'affrontement, parce qu’historiquement est grand l'enjeu autour des prisonniers révolutionnaires, l'enjeu autour des prisons. Tout mouvement révolutionnaire se trouve, tôt ou tard, confronté face à cette tranchée de combat, qui révèle implacablement forces et faiblesses politiques et idéologiques.

Ainsi, l'utilisation de différentes gradations de traitement carcéral - et tout spécialement l'IC - a servi à faire éclater les contradictions internes, à faire évoluer les faiblesses en capitulation, en dissociation. Deux cas significatifs on a pu les voir en Italie et au Kurdistan. En Italie où ce travail de sape par lignes internes au mouvement révolutionnaire a donné des résultats importants, où l'incapacité de faire le "saut au Parti" et les limites politico-idéologiques que ça résumait, ont permis un recul nourri par un important phénomène de dissociation. Encore plus éclatant le cas du PKK, avec la capitulation d'Öçalan et la transformation en parti soumis à l'Etat fasciste turc, la collaboration avec les impérialistes, notamment USA.

Evidemment ça n'est pas que la question carcérale qui compte, en n'étant à la limite que l'élément déclencheur de situations de crise interne précédemment accumulées, particulièrement par le manque d'une maturité et fermeté politico-idéologique. Mais ces exemples, et bien d’autres, démontrent l’importance de l’enjeu autour des prisons, de l’IC, des militants emprisonnés.

C’est un enjeu de premier ordre, de la plus grande importance pour le mouvement révolutionnaire, pour la classe, pour la révolution. Voilà pourquoi nous pensons qu’il faut l’assumer et pas seulement comme une question de solidarité, par ailleurs très importante et indissociable.

Dans le cas du Président Gonzalo, tout ça émerge avec autant plus d’éclat, de par l’importance de la révolution au Pérou, sa portée internationale de relance d’une vague révolutionnaire internationale. Et de par l’extrême gravité du traitement carcérale infligé – 11 ans d’IC total – qui n’a pas de pareil au monde, par durée et intensité. Donc le cas du Président Gonzalo résume au maximum le sens de ce qu’est l’IC comme arme politique de guerre contre la révolution.

Nous continuons aussi notre soutien à l‘héroïque résistance des militants révolutionnaires dans les prisons de la Turquie. Bataille très importante par le nombre de prisonniers qui reflet la force des organisations et du mouvement révolutionnaire, par les implications et influences dans toute l’aire méditerranéenne. Là aussi il s’agit d’un détachement d’avant-garde de la nouvelle vague de la révolution mondiale.

Il y a aussi la nouvelle situation de Guantanamo, des nouveaux camps de concentration de l’impérialisme. Véritable arme de terreur contre la révolution des peuples. Parce que c’est clair que, au-delà de la direction bourgeoise-réactionnaire que parfois cette révolte a, il s’agit d’une grande vague de révolte des peuples opprimés contre l’exploitation toujours plus criminel de l’impérialisme.

Le saut de qualité dans la répression que représente Guantanamo a été largement perçu par des vastes secteurs populaires et démocratiques : l’impérialisme a décrété la suppression ou la suspension de pans entiers de sa propre légalité. Il a instauré des traitements carcéraux cruels, basés sur la « torture blanche », sur l’intention affichée d’écraser le prisonnier. Il opère des déportations intercontinentales. Il instaure les tribunaux militaires, les tribunaux spéciales.

L’impérialisme avance dans une logique de guerre, externe et interne. C’est très important de voir ce lien – guerre externe et guerre interne – parce que c’est le mouvement de fond de l’impérialisme dans les années à venir, incapable de résoudre ses contradictions que par les voies destructrices, agressives, mais aussi une possibilité énorme de fonder une nouvelle unité entre prolétariat et peuples opprimés dans la nouvelle vague révolutionnaire mondiale !

Aujourd’hui, quand les lois spéciales et une répression grandissante frappent la classe, les secteurs populaires, les jeunes, les organisations de classe, c’est le moment d’organiser la mobilisation anti-répressive en la faisant partie prenante du plus général combat de classe.

C’est une ligne de front fondamental.

C’est fondamental de faire comprendre que l’impérialisme respectera de moins en moins la « légalité », qu’il est en guerre, que la répression est graduée selon le degré de danger politique révolutionnaire.

La répression même nous indique nos amis, doit nous aider à que la lutte de classe retrouve son chemin authentique qui est révolutionnaire où n’est pas. La lutte en défense des prisonniers révolutionnaire en est partie intégrante.

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